Être élève ou étudiant en Afrique devient de plus en plus difficile surtout dans les grandes agglomérations.
On est souvent très critique à l’égard de la nouvelle génération. On dit que dit le niveau scolaire est de plus en plus bas, que ces enfants sont paresseux, qu’ils sont inconscients, qu’ils ne fournissent pas d’efforts alors qu’ils ont tout. Mais ont-ils vraiment tout ? Même si on ne peut jamais tout avoir. Ces élèves ont-ils même le minimum ? Ces enfants bravent toutes sortes de difficultés pour ne se reste que rallier leurs différents établissements et rentrer plus tard à la maison dans des bus bondés où on peut s’étouffer.
Une fois rentrés, se reposer un peu, manger et étudier et reprendre ce championnat le lendemain. Par conséquent, le rendement moyen et à la limite bas ne pourrait être lié ou seulement lié à un manque de volonté de leur part.
Aujourd’hui, on parlera du cas d’une jeune étudiante ivoirienne, Aya elle s’appelle. Son cas n’est malheureusement pas isolé. Dans plusieurs capitales africaines, on rencontre plusieurs enfants, adolescents et étudiants dans sa situation.
Aya habite Bingerville, une banlieue de la ville d’Abidjan.
Elle fréquente à Treichville, une commune à l’ouest de l’agglomération dans une grande école.
Pour rallier son école, elle doit prendre deux bus, le 610 et le 21.Les horaires des bus ? Un bus une fois par heure. Par conséquent, elle doit se réveiller à 3h du matin pour se préparer.
Contrairement à ces habitudes, elle n’a pu se réveiller à 3h du matin ce jeudi matin. Il est 5h Une douche rapide que la voici à pas de course à la station de bus. Mais il est déjà 6h20.
Pourrait-elle malgré tout arriver à l’heure aux cours ?
Malgré tous ses efforts Aya a manqué le bus de 6h10. Le prochain bus passera à 7h. Faut-il retourner à la maison et considérer toute la journée perdue ? Non, elle ira quand même se dit-elle même si elle sait que la mi-journée est quasi perdue.
La veille, le bus du retour à la maison avait mis plus de 2 heures d’attente. Elle avait dû rentrer à 21h au lieu de 20h. D’où sa plus grande fatigue qui a entrainé son retard ce matin ci.
Abidjan est tout en chantier, des voies d’agrandissement, des échangeurs, des ponts, des autoroutes en construction. Oui c’est beau. Mais tous ces travaux accroissent considérablement les ralentissements et les bouchons sont intenables. Et si seulement des voies de déviations ou de contournement étaient prévues pour les bus pour faciliter un peu le trajet aux usagers. Mais non. Et Bingerville est tristement célèbre pour ses bouchons exacerbés.
Aya est enfin dans le bus 610 et à mi-chemin de son parcours il est déjà 10h. Elle a son premier cours à 8h.
Aya doit pourtant prendre un autre bus, le 21 à Cocody à la station de bus appelée « l’école de police » pour Treichville à l’ouest d’Abidjan où se trouve son école. Pour ce parcours, elle bravera les bouchons de la cité administrative du Plateau. Assise pensivement dans le bus, cette jeune fille de 18 ans semble porter le poids du monde, mais non, elle porte le poids de son avenir.
Elle prie, elle espère qu’il n’y aura pas de contrôle surprise. Ce matin les embouteillages sur le pont Félix Houphouët Boigny sont particulièrement accentués. « Seigneur », se dit la jeune fille, « arriverais-je enfin aux cours » ?
Un somme imprévu mais apaisant face à ce stress grandissant la plonge dans les bras de Morphée. Tant mieux. Puis avec sursaut, le bruit du klaxon du bus la fit sortir de son sommeil. Ouf, Dieu merci, se dit-elle, je suis à mon arrêt. Je l’aurais manqué de justesse. Aya leva les yeux au Ciel comme pour dire merci. A pas de course, Aya est enfin devant le portail de l’école. Enfin. Quel parcours de combattant .Mais il est midi trente.
Elle a raté tous ses cours de la mi-journée.
Et tous les jours c’est ainsi. Presqu’ainsi. Tous les jours c’est ce calvaire qu’elle endure.
Pauvre Aya, sa voisine lui apprend qu’il y a eu non pas une mais deux interrogations. Comment rattrapera-t-elle ces notes ? Les professeurs concernés comprendraient-ils ? Pensive, elle doit tout oublier et se concentrer sur le prochain cours, car le professeur vient de faire son entrée. « Prenez les feuilles » venait-il de dire à son tour.
Avec toutes ces souffrances, on peut aisément comprendre le désamour de la jeunesse africaine vis-à-vis de l’école. Même incompréhensible, on comprend…Lampedusa ! Lampedusa, triste espoir pour une jeunesse perdue !
Il est temps pour l’Afrique de créer le rêve africain. Et ce rêve africain commencera par l’éducation. L’éducation dans des conditions minima d’apprentissage.
Prévoir et construire des universités et établissements proches des banlieues. L’augmentation des bus subventionnés pour toutes les classes sociales à chaque 10 mn. Prévoir des voies de contournement pour les bus pendant les travaux de construction. Récompenser les étudiants et élèves qui émergent. Valoriser les efforts de cette jeunesse. Construire des universités de renom qui attirent toutes les autres nationalités. C’est un rêve ? J’ai fait ce rêve. J’ai fait ce rêve du rêve africain.
Bon courage Aya, « ça va aller » comme on dit en Côte d’Ivoire.
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